Il s’appelait Emmanuel N’Djoké Dibango mais le monde entier le connaissait sous le pseudonyme de Manu Dibango. Le vétéran de la musique Africaine âgé de 86 ans est décédé ce mardi 24 Mars des suites du Covid19.
C’est en 1933 à Douala au Cameroun qui est à l’époque une colonie française que naît Manu Dibango dans une famille chrétienne protestante. Et en 1949 alors qu’il a 15 ans, son père l’envoie en France pour poursuivre les études. C’est donc en France, qu’il découvre les instruments de musique que sont le piano, l’harmonica mais c’est du saxophone qu’il tombera amoureux. L’après l’échec au bac, Manu Dibango décide contre l’avis de son père de se consacrer à la musique. Il part à Bruxelles où il trouve un emploi d’instrumentiste mal rémunéré dans un cabaret à la mode. Il enchaîne des spectacles pour des clopinettes.
En 1960, ses racines africaines se rappellent à lui avec le vent d’indépendance qui souffle sur l’Afrique. Il fait même la rencontre d’un certain Lumumba Patrice venu à Bruxelles pour négocier les clauses de l’indépendance du Congo. Mais c’est surtout la rencontre avec Joseph Kabasele dit « Grand Kallé » un ténor de la rumba congolaise qui sera décisive pour Manu Dibango. En effet, ce dernier est lui aussi à Bruxelles avec son orchestre l’African Jazz pour enregistrer un album qui célèbre les indépendances.
Le hasard veut que le saxophoniste de l’orchestre soit malade et Manu Dingo le remplace au pied levé. L’album est un succès fulgurant et le morceau indépendance cha cha se danse aux 4 coins du continent africain. Manu Dibango devient célèbre et en 1972, la face B d’un 45 tours destiné à soutenir l’équipe de football du Cameroun pour la coupe d’Afrique des nations se retrouve sur les ondes d’une radio américaine. Soul Makossa devient un tube mondial et rentre dans la légende de la musique Africaine. Le titre sera même plagié par plusieurs artistes américains dont la méga star Michael Jackson.
Manu Dibango devient un ambassadeur de la world musique. Sa musique est un savant mélange de Jazz et de sonorités africaines, un melting-pot musical qui a bercé l’enfance, inspiré l’adolescence et fait vibrer de nombreuses générations d’africains et de mélomanes de tous les continents.
Son compte de musiciens est crédité de 40 albums, des centaines de tournées à travers le monde et une aura qui n’a jamais pali.
Adieu Manu, Adieu Papy groove.
Maury Legran