Musique

Les slameurs ivoiriens à fleur de mots.

C’est en 1987, que le concept de slam naît au États-Unis d’Amérique dans la ville de Chicago. Un jeune écrivain du nom de Marc Smith organise des compétitions de poésie orale arbitrées par le public. Et il baptise sa compétition en lui donnant le nom de slam.

L’idée de sortir la poésie des cercles élitistes pour la rendre accessible au plus grand nombre connaît toute suite du succès et s’exporte partout dans le monde. Lorsque, le slam foule l’Afrique, terre de l’oralité, ce sont les milieux estudiantins qui s’en emparent les premiers et donnent le la. Puis, d’autres jeunes leur emboîtent le pas. Tous ces jeunes africains, héritiers putatifs de Senghor, Césaire, Birago Diop, Dadié… se font aèdes.

En Côte d’Ivoire, le mouvement connaît vite un certain succès et réunit bon nombre de jeunes femmes et d’hommes au talent oratoire certain. Régulièrement, le Collectif au nom du slam organise des compétitions et/ou des spectacles de slam.

Jongleurs de mots, ils en sont aussi les dompteurs. Militants, ils le sont tous pour des causes différentes. Quand, les slameuses prônent l’émancipation des femmes, les hommes eux, revendiquent plus d’emplois pour les jeunes. Lorsque les slameuses dénoncent les violences faites aux femmes, les slameurs fustigent les violences policières ou le banditisme croissant. Parfois, slameuses et slameurs portent des causes d’une seule et même voix. Comme récemment dans le cadre de la lutte contre la pandémie à covid 19.

Dans les bouches de Amee, Kalpegik, Bee Joe, Philo, l’étudiant, l’Encre des étoiles etc. les mots giclent et giflent les maux, le verbe se recycle et part au rif. Tels des bretteurs, ils engagent le combat à plumes mouchetées contre les maux de la société. En nouchi ou dans un respect cardinalice de la langue française, tous les spectacles de ces troubadours des temps modernes sont des moments de jubilation.  En bons orpailleurs de la langue, ils fouinent et fouillent les alluvions aurifères pour en extraire la matière brute. Puis en véritable orfèvres de la parole, ils débarrassent, la matière première de ses impuretés, la façonnent et la poinçonnent de leurs initiales, avant d’offrir dans un écrin des pièces parfaites. Ils sont à la fois, artisans et artistes du verbe.

Maury Legran

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