Le Goncourt 2021 a été attribué à l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr pour son livre La plus secrete mémoire des hommes publié aux éditions Philippe Rey/Jimsaan. Mohamed Mbougar Sarr devient, à 31 ans, l’un des plus jeunes lauréats du plus prestigieux prix littéraire et le premier écrivain d’Afrique subsaharienne à l’obtenir. Un siècle après le Batouala de René Maran.
C’est avec La Cale, publiée aux éditions La Nouvelle en 2013 , qu’il présente son acte de naissance dans la cour des écrivains de renom. Inconnu du landerneau littéraire, Mbougar Sarr est néanmoins récompensé du prix Stéphane-Hesse. Un an après, les éditions Présence africaine reçoivent sa « Terre ceinte », et ce qui n’était qu’un essai se transforme en coup de maître. Les critiques s’emballent et les lecteurs le plébiscitent. L’histoire d’une petite ville sahélienne fictive mise sous la coupe réglée de milices islamiques djihadistes est le prétexte pour l’écrivain habile et inspiré pour faire son entrée triomphale dans le monde sélectif des prix. » Terre ceinte » reçoit tour à tour, le prix Ahmadou Kourouma, le grand prix du roman métis et le prix du roman métis des lycéens. Coup de chance ou caprice du destin? Point! Car trois petited années plus tard la réponse est sans appel: Mohamed Mbougar Sarr remet le couvert avec « Silence du chœur » publié chez Présence africaine Cette autre oeuvre, où il conte avec un réalisme saisissant le quotidien des migrants africains dans la ville italienne de Sicile, lui vaut les prix Lttérature monde du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo et celui du roman métis des lecteurs de la ville de Saint-Denis.
Avec trois œuvres littéraires à son compteur biographique, Mbougar Sarr remporte six prix. En 2018, il publie « De purs hommes ». Le roman qui aborde de façon frontale la question de l’homosexualité sur le continent africain est sélectionné pour de nombreux prix, mais n’en obtient aucun. Ce n’est que partie remise.
En 2021, le prodige signe « La plus secrète mémoire des hommes ». C’est l’euphorie dans le microsme littéraire. Dans ce roman au long cours, on suit Diégane Latyr Faye, personnage principal qui découvre un peu par hasard un livre publié en 1938 et décide, d’aller sur les traces de son auteur, T. C. Elimane, mystérieusement porté disparu après qu’une violente polémique a terni sa réputation à Paris. Avec un grand talent dans la narration, Mohamed Mbougar Sarr nous replonge dans les grandes tragédies que furent la colonisation et la shoah. »La plus secrète mémoire des hommes »’ est une oeuvre protéiforme, ou pour le dire comme Jean Marie Adiaffi » un roman N’zassa » dans laquelle Mbougar Sarr casse les codes, jongle avec les genres pour fixer l’attention du lecteur de la première à la dernière page de son Goncourt. Et c’est sans doute pour cela que dès sa sortie, il a été sélectionné pour tous les prix littéraires prestigieux.
Arrivé en littérature tambours battants, Mbougar Sarr a d’emblée fait le choix d’un engagement sans fioritures sur les grandes problématiques qui interrogent l’Afrique, et interpellent l’Europe où il vit depuis quelques années.
Mbougar Sarr est écrivain qui frappe tant par son originalité stylistique que par les thématiques qu’il aborde. À tort, nombreux sont ceux qui croient que pédantisme et formules alambiquées font le style. Mbougar Sarr nous démontre que la belle écriture c’est la musicalité des mots et la narration dépouillée.
Le Sénégal et l’Afrique toute en entière peuvent être fiers de celui qui le premier, en Afrique subsaharienne, a remporté le Goncourt, équivalent littéraire de la médaille d’or des Jeux olympiques.