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Célébrité sur les réseaux sociaux, le triomphe du rien.

Naguère, la notoriété s’acquerrait après un examen probatoire. Exception faite de quelques truands, dont les frasques faisaient les choux gras de la presse. Pour prétendre à la célébrité, il fallait avoir écrit un bon livre, sorti un album à succès, être doué dans une discipline sportive, dans les arts, être un journaliste talentueux, un animateur brillant etc. Ensuite, on pouvait éventuellement devenir une star si le public était convaincu de notre talent ou si on avait glané quelques lauriers au plan national ou international. Les stars avaient des compétences avérées dans les domaines dans lesquels elles évoluaient. Elles n’étaient pas aussi nombreux qu’aujourd’hui mais tous étaient excellents et ont donné à la Côte d’Ivoire ce qu’elle a de meilleur dans la musique, dans le sport, dans les arts…

Maintenant, la notoriété précède l’œuvre. Parfois même, elle la remplace. On est célèbre d’abord et on tente ensuite de meubler cette célébrité.

Avec les réseaux sociaux, la célébrité est devenue à portée de n’importe quel quidam. Pourvu que ce dernier soit prêt à toutes sortes d’extravagances. Cette facilité à atteindre la célébrité la vidée de sa substance.  La célébrité sur les réseaux sociaux est un ersatz, un succédané de popularité.

Tout le monde est célèbre ou veut le devenir. À cette allure, ce sont les inconnus qui deviendront rares. On dira « Tiens, voici un inconnu là-bas ». Comme avant on disait « Tiens voici une star là-bas ».

Ce sont, les inconnus qui auront toutes les attentions, tous les égards dus auparavant aux stars.

Il y’a quelques mois, une jeune femme avait publié, sur le célèbre réseau social Facebook, des conversations d’elle avec une personnalité bien connu. Elle avait été mise aux arrêts puis relaxée après un démenti formel de sa part. Son argument était qu’elle voulait devenir célèbre et que tout ce qu’elle avait écrit n’était que pure imagination. Plus rien n’arrête les candidats à la notoriété.

Récemment, un chanteur (au talent modeste) s’est mis en scène avec une fille dans des positions lascives. Il voulait du buzz d’après ses dires.

Il y’a aussi, ce bonhomme bedonnant, à la joie débordante dont les vidéos sont devenues virales et l’ont hissé au rang de vedette adulée. Sans oublier cette dame stéatopyge qui est la mascotte la plus dodue de ces stars de rien et qui revendique plusieurs centaines de milliers d’abonnés sur ses comptes Facebook, Instagram et Snapchat. Toute sa vie est mise en scène. Elle est devenue son propre paparazzi. Ils sont nombreux à être ainsi parvenus à se faire une place dans la constellation. Des femmes et hommes aux humbles compétences qui correspondent à l’instantanéité des réseaux sociaux et au buzz. On n’aurait sans doute jamais entendu parler d’eux, si les réseaux sociaux numériques n’existaient pas.

À l’ère des balivernes et des bagatelles, la vulgarité, la grossièreté, l’excentricité octroient la célébrité. Pour des « likes » et quelques abonnés de plus, on ne s’interdit rien.

La célébrité des réseaux sociaux est aussi fictive et fantasmée que la richesse au Monopoly.

Maury Legran

 

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