Selon de récentes études, de nombreux produits dépigmentants présent sur le marché ont des effets nocifs sur la santé. Mais ceux-ci n’ont jamais eu autant de succès que ces dernières années. Et le business qui l’entoure n’a jamais été aussi lucratif. Au point de susciter de nombreuses vocations de chimistes et de fabricants de produits éclaircissants du dimanche. Sans aucune formation diplômante ni compétence, certains quidams qui ont flairé la bonne affaire s’inventent des talents pour blanchir l’épiderme et/ou la rendre plus éclatante. Ils proposent des crèmes, des lotions et des savons dont on ignore tout de la composition. Et pourtant, ces produits s’achètent comme des petits pains.
En Côte d’Ivoire, les produits cosmétiques contenant plus de 2% d’hydroquinone du mercure, des cortisones ou de la vitamine A sont interdits à la vente. Car, d’après les médecins, ce sont eux, qui provoquent certains cas de cancers de la peau, des cas de diabète, d’hypertension, une sudation anormale ou des odeurs corporelles prononcées. Souvent dangereux, illicites ou détournés de leurs usages premiers, les produits cosmétiques éclaircissants connaissent cependant leur âge d’or. Au grand dam de notre peau et de notre santé.
Une femme sur deux, utilise des produits éclaircissants à Abidjan.
Le Monde Afrique
Si quelques hommes s’éclaircissent la peau, c’est la gente féminine qui est la plus touchée par le fléau. D’après un article paru dans Le Monde Afrique en 2019, une femme sur deux, utilise des produits éclaircissants à Abidjan. Et aucune classe sociale n’est épargnée. De la ménagère, à l’étudiante, en passant par la secrétaire, l’enseignante ou la femme d’affaires, toutes veulent donner un éclat, une blancheur à leur peau qui fera blêmir leurs congénères. Dans leur jargon, un teint qui bavarde ou qui parle le charabia est un teint dont l’éclat suscite envie, jalousie et admiration.
Cette propension à s’éclaircir la peau remonte à bien longtemps et trouve ses raisons, dans la prégnance de la culture occidentale, et la réappropriation par les africains de ses canons de beauté. Mais aussi dans l’idée fantasmée que les hommes africains préféreraient les femmes à la peau claire. Enfin, dans certaines idées infondées mais fortement ancrées dans les esprits, que les femmes claires attireraient le bonheur dans le foyer.
S’il est vrai que le développement des recherches sur l’amélioration des produits de beauté et sur la chirurgie esthétique a atteint un tel niveau qu’aujourd’hui l’être humain peut opérer une métamorphose totale, il n’en demeure pas moins que la dangerosité liée à certains produits est réelle et à la cause de nombreux décès.
Maury Legran
