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Le foot c’était beau avant.

Il est révolu le temps ou le ballon d’or était âprement disputé. On se rappelle encore de la dream team du Milan AC, des campagnes européennes de Liverpool, du hold-up de Manchester United en 1999 qui a même valu le report de la retraite de Lothar Matthäus. Ce genre d’évènements fixaient parfois du lauréat du ballon d’or. Mais aujourd’hui Cristiano Ronaldo et Leonel Messi règnent sans partage sur le football depuis une décennie. L’hégémonie de ces deux pontes du ballon rond est un fait incontestable. À eux seuls, ils ont remporté 11 des 12 derniers ballons d’or France Football. Pourtant, ce sport a connu des légendes au nombre desquelles Zidane, Pelé ou encore Maradona qui n’ont pas un tel palmarès. Une telle mainmise soulève des questionnements profonds. En quoi le foot d’aujourd’hui est différent de celui d’hier ?

JCD Mag retrace à travers cet article ce qui a changé entre le foot moderne et celui d’hier.

Science vs Talent

Le foot n’est plus ce qu’il était. Les premières gloires du foot, peu importe le continent sur lequel elles évoluaient étaient autrefois des talents purs, des diamants à peine polis mais qui illuminaient les stades. Garrincha le boiteux, Johan Cruff le maigre (el flaco), Eusebio la panthère noire, Ronaldo (appelé le vrai Ronaldo) autant de légendes qui ont révolutionné le foot avec des aptitudes avant-gardistes et hors du commun pour l’époque.

Mais aujourd’hui, le foot n’est pas qu’une question de talent, il s’apprend comme une science dans des centres de formation. Et il est peu probable de voir un joueur évolué en club sans cette désormais indispensable base solide. Des carrières comme celle de Adil Ramy, jardinier jusqu’à 21 ans ou encore Jay-Jay Okocha sont désormais des faits rares. Les joueurs arrivent rarement directement dans des équipes premières.

Et cela se ressent dans le jeu. Le joga bonito, le football total est une histoire ancienne depuis que le dernier adepte Ronaldhinho a raccroché ses crampons. Certains clubs entretiennent certes un ADN du beau jeu comme l’Ajax et le Barcelone (de Johan Cruff) ou le Borussia Dortmund, mais désormais le football est une question d’intelligence collective et moins d’individualité. Il se joue avec la tête.

Aussi, les faits de jeu qui animaient les discussions d’après-match sont également en passe de disparaitre avec l’arrivée de la technologie dans un foot déjà plus scolaire. La Goal ligne technology, la VAR etc. qui se sont invités ajoutent une couche de science au foot.

Argent vs Gloire

On conviendra tous que l’argent ça aide dans un projet. Il en faut presque toujours pour réaliser. C’est donc tout à fait normal qu’il en ait dans le football. Pour les infrastructures, pour la formation, pour les récompenses. Cependant, le spectacle qu’est le foot s’organise à coups de frais exorbitants financés essentiellement par les droits de retransmission TV et le sponsoring. Le montant des droits TV de la Premier League sur la période 2019-2022 sera par exemple de l’ordre de 10,45 milliards d’euros, soit 3,48 milliards d’euros par saison contre 9,75 milliards d’euros, soit 3,25 milliards d’euros par saison actuellement.

Et pour capter les audiences gage de droits TV plus importants, les clubs mènent une course effrénée à de grands joueurs qu’il faut acheter à des prix de plus en plus prohibitifs. Les joueurs ne sont plus achetés uniquement pour leur talent mais également pour leur attraits marketing.

Être bon ne suffit plus, il faut être bankable.

Comme conséquence de cette flambée des coûts de transferts, les joueurs s’attachent de moins en moins aux clubs. Ils n’incarnent plus des villes. Ils sont de passage et ne lient plus leur carrière, leur amour et leur honneur à un maillot en particulier. Les liens joueurs-clubs sont désormais précaires. Des carrières comme celles des emblématiques capitaines Francesco Totti, Steven Gerrard, Paolo Maldini, ou encore Jamie Carragher, Ryan Giggs, Paul Scholes semblent être les dernières de ce genre. Aucun prix, aucune clause ne semble trop élevé. En témoigne le transfert de la star brésilienne du PSG Neymar qui a été acheté à 220 millions d’Euros, 2, 3, voire 10 fois plus élevé que des joueurs qui ont inscrit leur nom dans le panthéon du football.

Les équipes ne se construisent plus, elles s’achètent.

Certains joueurs du Top 10 des transferts ne sont même pas titulaires dans leur club.

Résultat vs spectacle

Le football aujourd’hui est une histoire de sous. Sur et en dehors des terrains. Les équipes investissent d’énormes sommes pour attirer de grands joueurs, des stades de plus en plus grands et couteux. Il faut rentabiliser ces investissements et cela passe parfois par la gagne. Il faut gagner des trophées pour amortir les investissements. Roman Abramovich, propriétaire du Chelsea FC a investi en 2003 plus de 2 milliards d’euros soit 17% de sa fortune personnelle pour reconstruire l’équipe. Et c’est le parcours victorieux de 2012 en LDC qui a permis au club de réduire sensiblement les pertes du club qui étaient de 80 millions en 2010-2011. Nous assistons aujourd’hui à la même quête avec le PSG qui doit faire mieux que ses précédentes campagnes afin d’amortir les investissements faramineux ou encore le Manchester City de Guardiola.

Il faut tout de suite des résultats après de gros investissements pour que le club soit rentable. L’enjeu prend le pas sur le jeu et l’impacte donc considérablement. Le spectacle n’a plus sa place et le résultat uniquement prime.  Seuls quelques rares clubs sont encore attachés à leur culture du beau jeu. Ce sont en général des clubs historiques comme le Real de Madrid ou Manchester United qui ont eu à limoger tout deux le même entraineur José Mourinho pour un style de jeu jugé « boring » ennuyeux malgré les quelques titres glanés.

Les spectacles savoureux du foot d’hier laisse place à des prestations indigentes, fades et tristounettes. Les enjeux actuels, nous éloignent de l’essence même du foot que l’on aime avec de la passion, de l’émotion, du rêve et de l’exigence aussi.

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