Les plus âgés s’en souviennent. Rien que d’évoquer son nom leur donne des frissons. Ce merveilleux dribbleur brésilien représentait l’amour tout entier. Celui du football et du jeu, celui de la vie aussi.
Retour rapide sur le parcours d’un surdoué du ballon rond à la destinée cabossée.
Les jambes courbées, arquées, avec la gauche tordue vers l’extérieur et la droite déformée vers l’intérieur et plus longue que l’autre de 6 centimètres, mais un don du dribble inné et déroutant. Demandez à ceux qui ont vu jouer Garrincha, ils vous répondront Alegria do Povo, «la joie du peuple», comme il était surnommé. Pour bon nombre de puristes du football, Garrincha était meilleur que Le Roi Pélé. Plus époustouflant, plus enchanteur, plus intuitif, plus instinctif, plus décisif, plus fou et plus fragile aussi.
«Garrincha cha-cha-cha». Une des chansons en son honneur, passée en boucle sur les ondes et entonnée dans les stades, du temps de son apogée, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, sous les couleurs du Botafogo et du Brésil. Ses dribbles font sensation. Ou plutôt son dribble, Garrincha n’a jamais perforé les défenses adverses que d’une seule façon. Il part à droite. Tout le monde le sait mais aucun arrière, du temps de sa splendeur, n’a jamais réussi à bloquer le petit génie, à parer son coup de reins, phénoménal, et ses jambes de guingois surpuissantes, des turboréacteurs, pour l’empêcher de démarrer. Hélas, les excès, l’alcool, les fêtes, l’argent et les femmes ont eu raison de lui et, à 49 ans (le 20 janvier 1983), après avoir longtemps joué au Garrincha et à la souris avec son destin, ce fabuleux dribbleur s’est éteint. La conclusion tragique d’une vie héroïque.
Maury Legran
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