Ce sont les plus petits animaux terrestres mais surtout les plus nombreux. Généralement long d’un millimètre (en moyenne), les nématodes, des petits vers ronds non segmentés qui n’ont rien à voir avec les vers de terre (les annélides), ont de quoi captiver les scientifiques. Déjà, ces organismes, certains parasitaires, sont apparus sur Terre il y a plus de 500 millions d’années dans les océans. Il y a très longtemps, donc, avant qu’ils ne colonisent d’autres écosystèmes aquatiques, comme les cours d’eau puis les terres émergées. Aujourd’hui, selon les dernières estimations, ces vers cylindres à ne pas confondre avec les vers plats non plus sont ultra-majoritaires dans le règne animal, avec une population chiffrée à 440 trillions rien que dans les dix premiers centimètres des sols des cinq continents, ce qui représente quatre animaux sur cinq que compte notre planète. Les chercheurs ont décrit environ 27 000 espèces de nématodes, mais on suppose qu’il en existerait plus de 100 000, voire 500 000 selon les nématologistes.
Ces animaux sont très simples sur le plan biologique. Ils n’ont ni système respiratoire ou circulatoire par exemple mais disposent de très nombreux atouts sous leur cuticule. Leur vermiformisme leur confère une très grande capacité d’adaptation dans les sols. Et, ils sont en fait très proches des tardigrades et sont capables de vivre dans des conditions extrêmes, avec peu d’oxygène. Aussi, leur régime alimentaire est très varié et correspond à plusieurs niveaux trophiques : ils peuvent être bactérivores (qui consomment des bactéries), fongivores (qui mangent des champignons) ou prédateurs d’autres nématodes mais aussi de parasites des plantes, des mollusques et des arthropodes. C’est l’une des raisons pour lesquelles on les retrouve dans tous les écosystèmes.
Cette position dans la chaîne alimentaire, variable selon les espèces, tantôt proies, tantôt prédatrices, est d’ailleurs l’une de leurs principales fonctions écologiques. Certaines espèces de nématodes, notamment les bactérivores et les fongivores, participent également au recyclage des nutriments et stimulent en retour l’activité microbienne des écosystèmes.
Maury Legran